Né au Plate à Saint-Leu le 5 août 1922, il a passé sa jeunesse dès l’âge de 5 ans dans les quartiers de Petite-île. Le Bas-de-La-Rivière, Camp Ozoux, Belle-Pierre, La Source, faisait partie de son univers.
Depuis 1965, il habitait le quartier de La SIDR de la Source. Les dionysiens connaissaient tous, au moins de vue, « ce gramoune au chapeau » dont la renommée s’étendait sur l’île entière.
Dès son plus jeune âge il était passionné par la chanson.
Sa voix a été remarquée à l’école, au catéchisme et à l’église où on lui demandait de faire partie de plusieurs chorales. On se l’arrachait également dans les fêtes familiales de son quartier. A son répertoire, tous les succès des artistes qu’il admirait : Tino Rossi, Luis Mariano, Reda Caire, Georges Guéthary…
Sa carrière publique de chanteur a commencé en 1947.
Un copain l’avait inscrit à son insu à un radio-crochet : il se trouvait dans la foule des spectateurs lorsqu’il s’est entendu appelé au podium. Il y est allé alors et a obtenu le second prix. A partir de là, les concours de chant et les prix vont se succéder.
En 1949, Maxime enregistre son premier 78T avec deux morceaux de sa composition : « Le cœur créole » et « Mi aim mon patois ».
Maxime laope, un chanteur populaire (Souvenirs, textes et chansons) – ORPHIE – OCTOBRE 2020
En 1952, c’est la rencontre décisive avec Benoîte Boulard.
Benoîte, figure féminine marquante du séga de La Réunion se présentait régulièrement aux radio-crochet. D’abord concurrents à un concours, les deux chanteurs décident ensuite de s’associer.
C’est ainsi qu’ils remportent le 1er prix en 1953, avec ce qui est devenu depuis, un standard de la musique réunionnaise « La rosée tombée ». Cette association durera jusqu’au décès de la chanteuse en 1985.
Avec ou sans Benoîte, Maxime Laope s’est produit sur toutes les scènes de La Réunion. Il a interprété plus d’une centaine de textes (séga, maloya, romance) qui étaient majoritairement de lui ou de plus grands auteurs réunionnais tels que Georges Fourcade, Antoine Nativel, Pierre Vidot, Jean Albany…
En plus d’une carrière bien remplie dans son île natale, Maxime a eu l’occasion de représenter La Réunion à l’extérieur :
A Maurice à plusieurs reprises, notamment au sein de la Troupe « Bourbon i cause, Bourbon i chante » dans les années 70.
Aux Seychelles pour la fête de l’indépendance en 1976 : il a chanté devant la famille Royale d’Angleterre conviée à cette manifestation.
En 1991, il est l’invité d’honneur des fêtes du 1er mai à Rodrigues.
En 1992, le Steel-Band de Trinidad interprète « La rosée tombée ».
En 1996, il participe à une grande tournée au Canada et aux Etats-unis avec la Troupe Séga-SégA.
Il a été accompagné par plusieurs les générations de musiciens de La Réunion : depuis Loulou Pitou, Jules Arlanda, Claude Vinh-San, Narmine Ducap, Le Club rythmique, Les Souls Men, en passant par Henry-Claude Moutou, Alain Mastane, Ti-Fock, etc.
Il a chanté avec pratiquement tous les chanteurs de l’île : anciens comme Henri Madoré, mais aussi, Jacqueline Farreyrol, La Troupe de Bernadette Ladauge, Tropicadéro, Ziskakan, Laurence Beaumarchais…
Artiste polyvalent et fidèle de l’église Saint-Jacques, il était membre de la chorale de sa paroisse. A ce titre il y a joué à plusieurs reprises la passion du Christ. Comédien, il a tenu quelques répliques dans « Les gouverneurs de la rosée », de Jacques Roumain, sous la direction de Julienne Salvat, dans le « La Barbier de Séville » avec la Troupe Vollard ; il a également tourné plusieurs publicité, ainsi qu’un court-métrage diffusé sur RFO.
Par ailleurs, il a souvent chanté pour des causes humanitaires ou caritatives : pour les enfants de la Ressource, pour les malades de la Léproserie de La Montagne, pour les victimes de la famine à Madagascar… Il a participé au CD « SolaSida » au bénéfice des associations de lutte contre le sida. En 2002 il a enregistré un titre avec le collectif d’artistes pour les sinistrés du cyclone Dina.
Cette carrière exceptionnelle a été récompensée officiellement en 1997 : Maxime a été fait Chevalier de la Légion d’Honneur par le président de La République.
Maxime laope, un chanteur populaire (Souvenirs, textes et chansons) – ORPHIE – OCTOBRE 2020
Il a enregistré plus de 80 disques :
78T, 45T, 33T et CD.
A son répertoire également un fond inépuisable d’histoires, de contes et de proverbes qui font partie du patrimoine culturel réunionnais.
Autre aspect moins connue de sa personnalité : Maxime a été en son temps, engagé des Forces Françaises Libres et un fervent sportif. Il pratiquait le football et l’athlétisme dans différentes équipes de la ville.
En 1999, est parue aux éditions Grand Océan, un livre biographique intitulé « Maxime Laope, un chanteur populaire – Souvenirs texte et chanson », réédité en 2020.
En 2002, le chanteur a décidé de mettre fin à sa carrière publique, à l’age de 80 ans. Pour cet anniversaire, il a été au centre d’évènements mémorables:
- médaille de l’ordre du mérite au mois de mars,
- baptême de l’école élémentaire Maxime Laope à La Bretagne au mois de juin,
- sortie de l’album « Derniè figuir » au mois de juillet, saluée par deux concerts-hommage organisé par l’ODC au théâtre Champ-Fleuri,
- conférence débat au palais de la Source, animé par le professeur Live Yu-Sion, ethnologue,
- fête populaire d’anniversaire dans le quartier de la Source au mois d’août.
Les chansons de Maxime Laope sont très présentes dans la mémoire populaire. Ainsi, c’est la chanson, « La rosée tombée » que les organisateurs de la visite officielle de Jacques Chirac ont choisi de faire interpréter aux enfants des école, en 2003.
Cette même année le groupe Gondwana en fait une interprétation reggae et l’harmoniciste Olivier Ker Ourio en enregistre une version jazz.
Maxime Laope, nous a quitté en 2005, victime d’un arrêt cardiaque, quelques jours avant ses 83 ans. Patriarche à sa manière, il laisse 12 enfants et une nombreuse descendance. Cette famille s’est constituée en association, avec pour objectif de conserver, mettre en valeur et transmettre l’œuvre musicale de Maxime Laope. Celui qui a consacré presque 60 ans à la chanson populaire réunionnaise n’en méritait pas moins.